LES
PRATIQUES RITUELLES DU 5ème ORDRE
Première partie
Quels que soient vos usages respectifs, nous
espérons que vous partagez le sentiment que le 5ème Ordre peut
être plus qu’une académie sympathique certes, étudiant des rituels, dont la
grande majorité reflète un « exotisme » souvent burlesque, mis en
exergue par de nombreux historiens de la Maçonnerie.
Doit-il être au diapason des Ordres
précédents ? Le pari n’est pas évident au regard des multiples pratiques existantes.
Elles illustrent la difficulté de cet Ordre à représenter une unité dogmatique,
qu’historiquement, disons-le, il n’a jamais possédé.
La nature ayant une sainte horreur du vide,
les maçons contemporains, de toutes origines, pratiquant le Rite Français ont
fait le reste, sans aucun complexe, mais avec la volonté d’établir, ce que nos
fondateurs n’ont pas pu ou peut-être même, souhaité réaliser.
Ainsi, depuis la fin du XXème siècle les
rituels ont proliféré avec une fébrilité traditionnelle, susceptible de rendre
jaloux les codificateurs des Ordres de Sagesse, qui pourtant ne se sont pas
privés de puiser dans le vivier de l’Écossisme.
A ce jour, plus d’une douzaine de
juridictions ou entités autonomes pratique en France et à ma connaissance un 5ème
Ordre en une ou plusieurs classes différemment appelées et développées. Ce
recensement ne tiens pas compte des 6 juridictions étrangères qui ont une pratique de cet Ordre.
Cependant, l’ensemble de ces pratiques
rituelles, ne peut revendiquer une quelconque transmission historique.
Le travail effectué de toutes parts sur cet
ordre démontre au moins une chose : la nécessité que tous ont éprouvé, de
parachever le cheminement du maître maçon de Rite Français. Sinon quelle serait
l’utilité de cet Ordre?
Ainsi, nous avons tous fait du 5ème
Ordre, un ordre à part entière, ce qui n’était pas annoncé dans les règlements d’origines.
Historiquement, dans les règlements de 1784-86,
il se présentait, d’une part, comme une académie de grades au contraire de la
construction des autres ordres qui procèdent plus ou moins d’une synthèse et
s’inscrivent dans un processus de transmission. D’autre part, il devait jouer
le rôle de chambre d’administration du GCGDF ayant le titre de bureau de la
correspondance : rôle éphémère qu’il joua, avant que cet acte ne se consacre
aux décisions du comité des 9 réduites à l’organisation de cet Ordre.
Les usages contemporains recensés, ne
semblent pas apporter dans l’ensemble une homogénéité et une
« universalité » qui puissent, non seulement être en équivalence avec
d’autres pratiques, mais aussi porter la couronne du Rite Français : ce
qui nécessiterait, préalablement l’acceptation de ce rôle par tous les acteurs :
c’est pas gagné !...
Cette pluralité et l’absence de fonction
définie minorent, à notre avis, l’impact des hauts grades du «Français».
Il n’est pas question d’avancer la
formulation qui serait la meilleure : chacune a une histoire propre et
possède légitimité et origine, respectables. Toutefois, en considérant les multiples
réponses, il apparait, que le 5ème Ordre ne peut être une simple
distinction honorifique.
Il doit permettre un regard sur l’ensemble
des sept grades du Rite Français, en valoriser les valeurs essentielles et la
cohérence de la pratique. Cet ordre doit être un ordre à part entière, ou ne
pas être.
D’ailleurs, sur le tard et malheureusement et
sans grande suite, la question de la transmission des grades au delà du
Rose-Croix fut posée sans que cela réponde à une spécificité terminale, sinon à
considérer le caractère « universel » de ces transmissions.
Ainsi, en 1806, dans un de ses derniers
actes, Roettier de Montaleau proposa « un projet tendant à organiser sur les
bases invariables les cinq ordres des plus hautes connaissances maçonniques
comprises dans le nombre de 81 grades distribuées par séries et à établir en
conséquences des chapitres supérieurs et un directoire du Rit primitif (le
rite primitif de France étant le RFM) »
Continuant dans la cinquantième assemblée
du SCM : « Le chapitre (Grand) professait des connaissances maçonniques
jusqu’à 81 degrés distribuées par séries et enfermées dans cinq ordres et
l’invitait (le GO) à organiser des
chapitres supérieurs qui ne conférassent les hauts grades au dessus de ceux
sous le titre de RC ».
Cette ouverture suggère que cet Ordre peut
être porteur d’un contenu initiatique et philosophique à travers une écriture
symbolique homogène et là, une difficulté surgit : chacun pensera que son
« produit » est porteur de ces atouts.
Il a paru utile et intéressant de tenter
une mission impossible : trouver un fil conducteur à partager.
Au préalable, retournons aux sources des « grades
à cotés » du Rite Français.
Qu’est-ce qui les a motivé, dans quel
esprit ont-ils été construits ?
Dans ce XVIIIe siècle porteur de Lumières,
la Maçonnerie Française a développé une multitude de pratiques à coté des trois
degrés symboliques.
On peut aussi discerner l’inspiration
Anglaise originelle avec les Maîtres Ecossais, très tôt confortée sur le
continent par le discours du Chevalier Ramsay.
Ils étaient supposés intervenir après les
grades symboliques, très souvent sans être une suite ordonnée et sans idée de
perfectionnement au début, mais curieusement de régénération d’une maçonnerie
supposée viciée, ou trop proche du bruit du chantier.
Certains pensent à une mode à leur sujet, en
considérant leur développement et la surenchère, sans commune mesure avec
l’exigence d’exprimer un contenu.
Sentiment entretenu par les multiples
écritures souvent très proches, dont ils feront l’objet : distinguées, par
un lieu géographique ou le choix d’une appellation différente. Ainsi pour
l’exemple, L’Ecossais des 3 J est aussi, L’Ecossais de Paris ou l’Ecossais de
Clermont.
Les hauts grades ont dans leur
développement participé à la « Maçonnerie de société ». Elle a montré
son aptitude à créer des espaces de sociabilité en captant l’héritage des
ordres initiatiques chevaleresques, et en manifestant son adhésion au mouvement
des Lumières.
Cette maçonnerie s’émancipera du cadre
contraignant du temple pour s’épanouir dans les appartements et les hôtels
particuliers: un tapis de loge portatif, un rideau tiré et des grades conférés
par communication avec des mises en scène de plus en plus élaborées: avec
orchestre, décors et reconstitution historique.
N’auront-ils pas eu la secrète ambition de
supplanter les grades symboliques ? L’exemple caractéristique est celui du
REAA qui a été construit d’abord avec les hauts grades puis en incorporant ultérieurement
les 3 grades symboliques.
Nous sommes loin de la frugale mise en œuvre
de nos pratiques actuelles et même des tous premiers usages.
Siècle de folie, siècle des Lumières, des
illuminés aux allumés, nous sommes dans nos pratiques les descendants de toutes
ces aventures dont le temps a fixé le degré de pertinence.
Pierre Chevalier évoque sur le sujet « le
désir de certains maçons de réformer l’ordre vicié par les abus de toutes
sortes. Les tenues n’étaient-elles pas accompagnées de banquets où le champagne
était de rigueur, de chansons et de musique?
Nous sommes devant l’expression d’une autre
maçonnerie affranchie du métier et représentative d’une classe sociale.
Ainsi, vers les années 1750, les Loges dites
Ecossaises fleurissent avec des titres éblouissants accompagnants les premiers
système de grades : Ecossais Fidèles de la Vieille Bru de Toulouse, Mère Loge
Ecossaise de Marseille, Sublime Mère Loge du Grand Globe Français, Cour des
Souverains Grands Commandeurs du Temple de Carcassonne, Conseil des Empereurs
d’Occident et d’Orient et j’en passe…
Daniel Ligou, annonçait « Il est malaisé
de connaître les finalités de l'Ecossisme : désir de sélection sociale,
intellectuelle, spirituelle ? Recherche du « secret » qui paraît sans cesse à
portée de la main et qui est toujours inaccessible ? Interférence — à peu près
certaine — de l'ésotérisme traditionnel ? Désir aussi de compléter le mythe
d'Hiram qui n’apportait pas de ponctuation à la disparition violente de
l’architecte ? »
Le Grand Orient et avant lui la première Grande
Loge dont il est issu, bien que peu favorable aux grades de l’Écossisme ce sera
engagé dans cette voie presque à reculons, poussé par son ambition de régir la
maçonnerie Française et sans doute pour éviter que les nombreuses loges qui
pratiquaient des ensembles de grades hétéroclites ne lui échappe.
Pour conforter son autorité, devant
l’incroyable disparités des usages et pour clarifier cette prolifération il
s’attachera à la rédaction d’un système ne portant pas encore le titre de Rite
Français.
Dès 1783, les grades symboliques furent codifiés,
suivit la construction des 4 Ordres de Sagesse achevée en 1786 dans le cadre de
l’éphémère GCGDF crée à cet effet, peut-on penser.
Il est important d’appréhender la notion
d’ordre utilisée pas les codificateurs des hauts grades du Rite. Elle est en
partie la conséquence du grand nombre des grades écossais existants et à la
volonté d’apporter une simplification dans les usages. Bien qu’on ne puisse
écarter dans cette construction l’idée de suprématie du codificateur, déjà
évoquée, sur le monde maçonnique d’alors.
A chaque ordre correspondra un ensemble de
grades qui seront plus ou moins synthétisés ou représentatifs d’une classe. Un
grade de réception et d’usage, pour chacun des ordres fera l’objet d’une
rédaction.
Ainsi suivant la définition historique du
GCGDF, que nous rappelons :
Le
Premier Ordre comprendra tous les grades intermédiaires de
la Maîtrise à l’Élu. L’Elu en sera le complément. Le grade de réception dans
cet Ordre est celui d’Élu Secret.
Le
Deuxième Ordre comprendra tous les grades d’Écossais, tous
Ecossais possibles et ce qui y est relatif. Le grade de réception dans cet
Ordre est celui de Grand Élu Ecossais.
Le
Troisième Ordre comprendra tous les grades de Chevalerie
et ce qui y a rapport. Le grade de réception dans cet Ordre est celui de Chevalier d’Orient.
Le
Quatrième Ordre comprendra le Rose Croix et ce qui est
relatif. Le grade de réception dans cet Ordre est celui de Souverain Prince Rose-Croix qui en est
l’aboutissement.
Ce n’est pas tant un rite qui a été
« inventé » mais un référentiel le plus unitaire possible pour les
loges, reprenant les grades le plus souvent retrouvés. C’est celle du premier
rite officialisé (pas encore sous son nom actuel) par le Grand Orient de France
dans la période de 1783-1786, publié dans le régulateur de 1801. C’est dire que
l’histoire de ce rite est intiment mêlée à celle de sa juridiction tutélaire.
Il faut dépasser la seule intention de bâtir
un système de référence dans lequel on classera dans quatre tiroirs des grades
éparpillés.
Cela permettait aux maçons porteurs de ces différents
grades de se reconnaître dans une même classe et à travers eux, les loges ou
chapitres auxquels ils appartenaient.
Ainsi, la volonté du GO de l’époque était avant
tout, un projet fédérateur des Francs-Maçons allant au delà de leurs pratiques
respectives et sous-jacente, une volonté de s’imposer dans le monde maçonnique.
Cette dernière considération n’est pas
anodine car elle facilitera la compréhension de la désuétude des hauts grades
du Rite Français, quelques années plus tard, au profit du Rite Ecossais Ancien
et Accepté, porteur d’une « dynamique » correspondant mieux aux
attentes des Maçons de l’Empire, que l’on ne pouvait laisser échapper et se
poser en rival du GO.
Puis d’accord en désaccord, au fil des ans
et des bouleversements politiques, dans le partage le GO se cantonnera, in fine
aux grades symboliques, malgré l’intermède du Chevalier Rose Croix, vestige de
son système Français.
Il laissera au Suprême Conseil l’administration
des autres grades. Cette trace historique se retrouvera jusque dans la seconde
moitié du XXe siècle où on accédait au Suprême Conseil en passant directement du
3ème au 18ème grade pour la juridiction mère.
On a le sentiment que cette création n’a
jamais répondu a une nécessité de pratique bien qu’étant l’objectif annoncé,
mais qu’elle répondait à la volonté de proposer sinon d’imposer, un outil
universel pour toute la maçonnerie.
Il faut également relever que de nombreux
Chapitres continuèrent à pratiquer certains grades qui n’étaient pas dans la récente
nomenclature à coté de cette nouvelle formulation. Vous l’avez deviné, le monde
maçonnique est tout de simplicité
Deuxième partie
Cette volonté fédératrice se retrouve dans
la définition historique du 5ème Ordre : il comprendra tous les grades physiques et métaphysiques et tous
les systèmes, particulièrement ceux adoptés par les associations maçonniques en
vigueur.
Cette disposition se traduira dans 9
chemises regroupant 81 grades afférents non seulement aux grades correspondants
aux 4 ordres, mais incluant des grades au-delà du Rose Croix.
Cette disposition n’est pas un simple fourretout
mais un classement raisonné. D’ailleurs, une 10ème chemise
regroupait un certain nombre de grades en attente de classement, outre les
grades du REAA non inclus dans l’Arche du Rite.
En effet, l’interrogation subsistera sur
les intentions réelles des codificateurs. Pourquoi qualifier cette arche de 5ème
Ordre, si son unique fonction devait être réduite à une bibliothèque ? Un
élément de réponse se trouve dans sa seconde fonction comme bureau de la correspondance,
souvent occulté, car d’existence éphémère et qui disparaitra lors de la fusion
du GCGDF avec le GO avec l’apparition du Grand Chapitre Métropolitain.
Cet embryon de Chambre d’Administration a été
reconduit par le GCG du GO en 1998 sans toutefois qu’il soit dévolu au 5ème
Ordre.
Les aléas de l’histoire et le
« tumulte » de la vie maçonnique ont-ils empêché que le 5ème
Ordre – annoncé et ébauché dans les premiers règlements de 1784-86, puis
balbutiant au temps de l’Empire – n’atteigne sa maturité et trouve une place et
une fonction pérenne dans la suite des quatre Ordres de Sagesse ?
Il est également possible que la vocation
du 4ème ordre à couronner la démarche « initiatique » des
Ordres de Sagesse en qualité de « nec
plus ultra », a participé à cet inachèvement et son volet
administratif est exercé aujourd’hui par la 4ème Ordre dans
plusieurs juridictions.
Le Grand Chapitre Métropolitain successeur
de l’éphémère GCG de France, n’aura pas eu le temps d’éprouver son
administration du fait de son intégration au sein du Grand Orient, puis de la césure
révolutionnaire et enfin de l’arrivée, au 19ème siècle d’un autre
rite de hauts grades issus des mêmes sources Écossaises. Cela faisait beaucoup.
Le 5ème Ordre n’a pas été
envisagé, à l’origine comme portant un contenu initiatique. Bureau de la
correspondance et conservatoire des grades Ecossais, tel il était défini.
Cette absence laisse le Rite Français sans
un chapeau historiquement codifié et reconnu comme tel par chacune des structures
qui le mettent en œuvre.
Il est établi qu’aucune codification
historique d’un usage spécifique, n’a vraiment existé au regard des documents
publiés et n’a pu de ce fait, être transmise à contrario des 4 Ordres jusqu’à
la disparition du Grand Chapitre Métropolitain.
Il est avéré que les Ordres de Sagesse ont
bien été communiqués historiquement à une juridiction Portugaise qui pratique
depuis 1804 les 4 Ordres dans une forme équivalente aux textes historiques hexagonaux.
Il s’agit du Grand Chapitre Lusitanien.
Cependant, pour ce qui concerne le 5ème
ordre, la problématique reste, semble-t-il, entière puisque cet ordre ne
pouvait à cette époque être transmis car ne possédant pas, alors, une quelconque
codification rituelle.
Le seul rituel historiquement annoncé fut
adopté en 1808 précisément – c’est celui du Chevalier du Soleil, 72ème
et dernier grade de la 8ème série et 28ème degré du REAA.
Sans autre précision sur sa mise en œuvre, sinon qu’il servit à la réception
des prosélytes.
Il ne présente pas la synthèse d’un grade
de la 8ème série, en cohérence, avec les quatre premiers ordres. Mais
serait plutôt en cohérence avec ceux de la 9ème série.
Adopté dans la précipitation plus que par
réflexion, devant la pression écossaise, son contenu est certes intéressant,
mais il ne règle pas la problématique du chapeau du rite et du positionnement
par rapport aux autres pratiques. Un seul des usages actuels recensés y fait
référence.
Par la suite et peu de temps avant que le 5ème
ordre ne rendît l’âme, le choix s’était-il porté sur celui de Chevalier Kadosch,
30ème du REAA ? Aucune trace de cet usage cependant n’apparaît à
ce jour dans les archives publiées.
JM Ragon, de son coté, a publié dans un
livret, (et semble-t-il rédigé) une version dite philosophique assez différente
et bien tardive (1861).
Notons que ce rituel, fut mal évalué par
Ragon, au point qu’il en écarta l’échelle, jugée par lui, comme donnant un
spectacle dégradant.
Ce rituel porte le titre audacieux de
« nouveau rituel de Kadosch grade philosophique 5ème et dernier
degré du Rite Français avec en sous-titre : remplaçant le 30ème
degré templier du Rite Ecossais. On connaît la suite quant au remplacement. On
notera qu’il ne s’agit plus de 5ème ordre mais de 5èmedegré.
Ce sera le dernier acte de l’histoire en
1821 quand le Grand Chapitre Métropolitain demanda… la patente pour l’exercice
du 30ème grade au REAA !!…
Que de mémoire perdue alors que le 5ème
Ordre contenait au sein de ses 81 grades une formulation primitive du Kadosch
avec le Grand Elu de Londres qui aurait pu servir d’assise à une synthèse avec
d’autres écritures du grade. Mais en matière d’écriture, Roettiers de Montaleau
père n’était plus là…
En 1823 le Grand Chapitre Métropolitain
disparaissait en devenant de façon incompréhensible le Chapitre des Gaulles
sous la forme d’un aéropage de Chevaliers Kadosch, sans grande trace de son
activité et de son lustre d’origine.
Ainsi, l’histoire se termina et à l’heure
actuelle aucun document n’a été exhumé des archives Russes démontrant l’usage
du Kadosch et surtout l’inscription de cette pratique dans la continuité des 4
Ordres.
La question de la réactivation du 5ème
Ordre s’est posé, dans les années 90. Il convient de souligner que dès 1995 une
assemblée indépendante qui ne s’appelait pas encore Provence Fidélité
s’appuyant sur la logique des 5 Ordres et sur les règlements de l’époque, s’était
penchée sur la nécessité de cette reconstruction et sur le besoin d’une pratique
rituelle.
Respecter la Tradition, c'est inventer la
nôtre! C'est exactement ce qu'ont fait nos Anciens, je dois compléter que nous
avons osé pour ce qui concerne le 5èmeOrdre. Mais il n’y a
pas d’inquiétude à avoir : qui peut revendiquer sérieusement une transmission historique
de l’une des différentes pratiques de cet Ordre?
Toutes les écritures déambulant dans les
allées de la Sagesse sont de facture contemporaine. Elles s’inspirent plus ou
moins de grades préexistants : que ce soit la fugace pratique du Chevalier du
Soleil, seule désignée dans les minutes du 5ème Ordre.
Ou alors, l’inspiration des Sublimes
Philosophes Inconnus - grade de la 9ème série - sans aucune preuve
d’usage historique, pour habiller un Chevalier de la Sagesse fraîchement
apparu.
Le 5ème Ordre traduit les aléas
de son histoire, ainsi on le retrouve aujourd’hui segmenté en une, deux ou
trois classes.
Ses rituels sont différents selon les
juridictions et d’inspirations variées : ils vont du Chevalier du Soleil,
en passant par le Chevalier de l’Aigle blanc et noir suivi du Chevalier de la
Sagesse, ou le Chevalier de l’Etoile d’Orient, ou enfin la réception se
pratique avec un rituel d'écriture contemporaine - il en existe plusieurs - tel
celui employé lors de la réactivation du 5ème Ordre au Grand Orient.
(Provenant du Sublime Conseil Provence Fidélité).
Les décors varient également : ils
vont du signe distinctif sur le sautoir du 4ème Ordre au seul
sautoir blanc en passant par le tenue complète: sautoir tablier et gants. Il en
va de même des titres.
Il nous a paru intéressant et sans doute
est-ce téméraire, de tenter une synthèse sur laquelle nous pourrions nous
arrêter. Mais cela sans aucune illusion de faire changer les « majors »
et même tous les autres.
Pour aller modestement dans ce sens,
partons de ce que nous connaissons historiquement de cet Ordre.
-La couleur blanche décorant la salle de
réunion.
-Rien n’indique que nous soyons dans un
temple.
-Le terme d’Arche apparait désignant un
coffre contenant les 9 chemises des 81 grades.
-Ce Coffre est disposé au centre du lieu de
réunion.
- Etant dans une salle indifférenciée on
peut supposer qu’une table est à son centre.
-La marche pour arriver à la salle est
circulaire sans que pour autant on décrive une quelconque table ronde, mais
rien ne s’y oppose.
-Quant à l’appellation du 5ème Ordre
apparaît en 1811 le titre de Suprême Conseil. Le titre de Sublime Conseil
n’apparaît pas.
-Le 5ème Ordre est subdivisé en
deux classes : le conseil des 9 et la classe des prosélytes.
-Seule distinction, le bijou qui est
aujourd’hui décrit sur un ruban blanc moiré simple pour la 1ère
classe des prosélytes, on ajoute un liseré d’or pour les membres du conseil des
9. Les décors seront ceux de RC .
-Un « travail» est demandé, appelé
proponenda, aux futurs prosélytes. Il se fera sous forme de questions et de
réponses écrites du candidat.
-La première annonce tardive d’un rituel de
réception et sans doute de tenue sans autre précision sur la pratique lors des
réunions de travail. Il s’agit du Chevalier du soleil 28ème degré du
REAA alors constitué. Ce grade qui existait depuis plus d’un demi siècle et se
trouvait déjà inclus dans le rite de Perfection. Par contre les
décors de ce grade ne semblent pas utilisés.
-Aucun rituel n’apparaît pour la seconde
classe du Conseil des 9
-Les officiers sont les suivants : un
Président généralement le TS des TTSS. Un surveillant pour les deux colonnes
placées au milieu face au président. Un expert à la place de l’Orateur. Un
Secrétaire et un Maître des Cérémonies. (C’est sur la base des offices du
Chevalier su soleil).
-Les prosélytes n’auront pas accès aux
rituels de la 9ème série.
-Un modèle de bref est proposé.
-Proposition de constituer une instance qui
aux côtés du GCM conférerait et gèrerait les grades au-delà du RC.
Et cela débouche sur une décision
importante : « le conseil s’arrête à la proposition de conférer ces grades
en 5ème Ordre au FF qu’ils en trouveraient dignes... »
Le 5ème Ordre ne se limitera
plus à recevoir les FF Chevaliers du soleil pour étudier les hauts grades,
maintenant il les conférera.
Quel pourrait être le profil d’une pratique
que nous pourrions aménager sur la base et l’adaptation des éléments
historiques ? C’est ce que je vous proposerais prochainement
Troisième partie
Pour ponctuer la réflexion à partir des
deux textes que vous avez reçu, je vous propose en guise de conclusion
différents points dont nous pouvons débattre et s’ils obtiennent votre
assentiment, éventuellement adopter.
Ces propositions ont pour but de rapprocher
au mieux nos usages de ceux décrits dans les minutes relatant les réunions du 5ème
Ordre.
Le 5ème Ordre déjà dédoublé en 2
classes prend la dénomination d’Arches et non plus de grades.
Le 5ème Ordre ne rajoute pas de
degré au Rite Français qui reste historiquement fixé à 7 degrés, auxquels
s’ajoutent les deux Arches du 5ème Ordre.
Identification de 9 officiers généraux
représentant le Conseil des 9 inclus dans la seconde Arche.
Le lieu de réunion est une salle sans
dénomination, tendue de blanc, sans orientation.
Une table siégeant au milieu supporte un
coffre représentant l’Arche du Rite. Cette Arche est censée contenir les
manuscrits des 81 grades.
Un travail sera demandé pour la seule
admission à la première Arche.
Le 5ème Ordre ne s’inscrivant
pas dans la continuité des 4 Ordres propres au Chapitre, il aura vocation à
réunir des membres issus de chapitres différents, voire de rites différents à
la condition qu’ils soient en correspondance de grade. On peut envisager pour
ces membres un statut de membre associé.
La dénomination de Suprême Conseil, la
seule à être identifiée dans les minutes du 5ème Ordre pour désigner
cette assemblée. Nulle part n’apparaît celle de Sublime Conseil. Toutefois, il
faut considérer la connotation Ecossaise de cette appellation qui n’était pas
aussi forte à cette époque.
Historiquement, aucune pratique n’apparaît
hormis celle du Chevalier du soleil. Une patente avait été demandé du Suprême
conseil pour le Kadosch en 1821. Ainsi, ce grade est confirmé dans la pratique
actuelle aux côtés de la partie historique de Provence Fidélité constituant les
12 clefs de la première Arche, avec le titre de Chevalier de l’Aigle blanc et
noir. Pour la seconde Arche, aucune pratique rituelle n’apparaît et d’ailleurs
elle ne semblait pas en avoir. Force est d’écrire un pratique
Le 5ème Ordre laisse un goût
d’inachevé et pour son malheur, la porte était grande ouverte à tous pour
mettre en scène cet Ordre en suivant plus ou moins les données historiques. Il serait injuste de porter la seule cause
de cette évolution sur les années de trouble révolutionnaire et d’interruption
de l’activité maçonnique. La transformation du GCG de France en Chapitre Métropolitain
avec son intégration au GO donc sa perte de souveraineté ont joué un rôle non
négligeable et cela était prévisible.
Les hauts grades n’ont à mon sens, jamais
été une finalité ou n’ont jamais représenté un intérêt majeur pour cette juridiction
qui ne recherchait qu’à établir son hégémonie sur le monde maçonnique de
l’époque, fut-ce en contrôlant le mouvement Ecossais et en sacrifiant ce
qu’elle fit, le rite auquel elle faisait et fait encore référence. Les efforts
entrepris vers 1806 sont arrivés trop tard pour redresser la barre.
Le Rite Français est bel et bien et il
restera un rite historiquement inachevé.
Avec le Chevalier de la Sagesse, nous avons
entamé le développement d’une réflexion afin d’augmenter la consistance et le liant
du corpus symbolique des Ordres précédents. Il est heureux que notre Rite se
soit retrouvé couronné par la Sagesse à la préférence de la perfection qui
reste l’outil de la première.
Jean-Pierre Duhal, 5ème Ordre, Chevallier de
la Sagesse, Grade 9 et dernier du Rite Français des Modernes, Souverain Grand
Inspecteur Général, 33º du Rite Écossais Ancien et Accepté. Fondateur du
Sublime Conseil “Provence et Fidélité”, Membre Fondateur du Ve Ordre et, Passé Très
Sage et Parfait grand Vénérable de la Chambre d’Administration du Grand
Chapitre Général du Grand Orient de France. Membre de l’Académie Internationale
du Ve Ordre de l’Union Maçonnique Universelle du Rite Moderne.